vendredi 25 mars 2011

Un peu d'air


C'est un peu embrassant de vous le dire comme ça, alors qu'on ne se connaît pas, et que vous risquez de mal me juger.

En plus, je ne voudrais pas qu'on pense que je suis sectaire, communiste, frontiste, voire même nihiliste. Je crois qu'il est plus sage de choisir les mots qu'il faut pour que toute mauvaise interprétation soit mise à part, et tout procès évité, c'est que je n'ai pas droit à l'aide juridictionnelle moi, et que dans le fond, je ne veux pas d'histoire, comme tout un chacun.

Alors voilà. Je l'ai déjà remarqué pendant mes premiers cours en la matière que cela ne tournait pas rond selon moi, que dans un monde très intellectualisé dominé par les faits, les chiffres et les preuves, il existait des espaces d'irrationalité qui échappaient à des règles que l'on disait universelles, irréfutables et de bon sens.

Cette géométrie variable me paraissait très compliquée pour rester logique avec soi-même, sauf si chacun accepte d'établir des priorités. Comme j'avais entendu un automobiliste frustré bien embouti à un carrefour par un camion dire : "Effectivement, on peut pas être deux à être prioritaires".
Il faut un chef et un sous-chef. Pas deux chefs. Sinon, c'est le bordel, on est d'accord.

J'ai donc pensé que les choses en France étaient bien faites : la foi chez soi, et la loi partout ailleurs. Cela met tout le monde d'accord. On peut vivre seul, sans la religion. Ou on la garde chez soi, parce que la grand mère l'avait mise là et qu'elle y est restée. Ou on l'invite, parce qu'on a besoin d'elle. On peut aussi s'en débarrasser, si elle fait fuir trop de gens parce qu'elle est devenue trop envahissante. Bref, on choisit ses amis, comme sur Facebook.

J'hésite encore à vous le dire, mais allez, je me lance : excusez-moi, mais moi je revendique mon droit à ne pas croire en dieu. Je préfère croire en l'homme, mais je comprends que certains soient dégoûtés et se tournent vers plus haut.
Je ne veux appartenir à aucune communauté, je n'ai pas de religion, enfin, disons que je n'adhère à aucune conception majoritaire existante. Et je ne crois surtout pas qu'un livre écrit il y a des siècles par un ancêtre lointain, sincère ou non, représente un vademecum fiable pour mener une vie adaptée à notre cadre de vie contemporain.

J'aimerais garder la liberté de rester sans étiquette. D'éviter de me trouver otage d'un conflit dans lequel il faudrait absolument rejoindre un camp. J'aimerais par exemple garder la liberté d'aimer le son des cloches et la fraîcheur des églises parce qu'elles font partie des villes, elles qui était là bien avant moi... sans négliger que le patrimoine est un trésor hérité qu'on pourrait se donner la peine de préserver, ne serait-ce que pour tous les pauvres bougres qui ont passé leur vie à trimer à le construire. Et ce, sans pour autant s'estampiller croyant.

J'aimerais garder dans le coeur la formule de Voltaire, affirmant "je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire". Je suis pour la liberté d'expression, qui permet le débat par les mots, avant l'oppression par les actes.

J'aimerais donc que l'on puisse continuer de pouvoir dire à l'autre que l'on n'est pas d'accord avec ce qu'il dit. Et plus que jamais aujourd'hui, pas d'accord avec ce qu'il fait.

J'aimerais aussi que la symbolique religieuse cesse de grignoter mon quotidien qui n'en a rien à foutre. Pour que manger de la saucisse sèche y compris le vendredi ne devienne pas un acte politique, mais reste tout simplement une préférence alimentaire (malheur, les "auvergnats" sont nombreux à la partager).
Je voudrais juste pouvoir garder le droit de croire en ce que je vois. Et d'ignorer trois livres au moins que je n'ai plus envie de lire depuis longtemps.

La liberté s'arrête où commence celle de l'autre. Et l'autre, il est dans l'espace public.
Une fois dehors, la porte de son chez-soi devrait se refermer sur nos secrets et nos croyances.
La pudeur a parfois du bon.

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