La pression subie par le vulgum pecus (j'adore ce barbarisme à prononcer à jeun) est à son comble.
La question inévitable, dès que la conversation s'attarde autour du thème de l'informatique ou du numérique, c'est : "Et toi, tu t'y es mis?".
Oui, cela rappelle quelque chose. Encore une question qui a le pouvoir soudain de ringardiser en deux phrases celui qui ne s'Y est décidément pas mis.
A Hi5.
Oui. Nul n'est parfait, chacun a ses faiblesses. Mais moi je n'y tenais plus, je voulais me plonger dans l'oeil cyclopéen de ce petit être électronique, avoir 613 grammes sur les genoux qui ne chauffent pas, vraiment pas, et faire tab tab tab dans un feutré parfait avec mes doigts sur un clavier vitré, qui hop, se rétracte d'un clic. Le tout dans un joli cadre blanc brillant immaculé, qui une fois retourné présente un sublime petit corps argenté marqué d'une pomme qui a été goûtée tel un fruit interdit.
J'ai poussé le suivisme jusqu'à opter pour la couverture SmartCover, riche en design, pauvre à produire, 80% de marge brute à l'oeil nu environ.
D'une sage couleur grise, ça fait extravagant qui succombe au gadget Apple certes, mais avec un zeste de sérieux quand même, genre qui travaille aussi un peu avec son joujou, c'est moins culpabilisant de s'y être laissé prendre.
Comment des idées brillantes pourront-elles émerger dans ce magma d'informations hiérarchisées selon la "fréquentation" plutôt que sur la qualité? Comment rester critique et indépendant dans un système qui se présente virtuellement comme profondément collectif et tribal, dans le sens de tribus virtuelles qui gomment rapidement les nuances d'opinion de l'individu?
Mais allez, je vous embête alors que je pourrais me réjouir d'essayer de nouvelles coiffures sur mon chat, il y a un logiciel fabuleux pour voir ce que ça donnerait si elle avait un chignon mauve. Et le pire, c'est que ça lui va bien.
Il faut me comprendre, c'est un drôle de virage à négocier pour ceux qui ont connu les cabines téléphoniques au lieu des téléphones portables, et le minitel quand internet dormait encore dans un carton en Californie.
Alors en attendant, j'ai mis Catchamouse et Angrybirds sur mon Georges Orwell (c'est son petit nom).
Cela me permet de ne pas trop y penser.
Oui, cela rappelle quelque chose. Encore une question qui a le pouvoir soudain de ringardiser en deux phrases celui qui ne s'Y est décidément pas mis.
Mis à quoi?
A Facebook.A Hi5.
A LinkedIn.
A copains d'avant, même.Et maintenant, à l'Ipad.
Donc, luttant mollement, et toujours vainement à contre-courant pour écouter mes instincts anti-moutonniers, j'ai résisté quelques mois en me disant qu'il ne passerait pas par moi, et que j'avais déjà donné assez d'argent à Steve Jobs, même si j'aime bien son Iphone et le doux souvenir du Mac Classic II couleur qui dort encore dans le grenier d'une amie.
J'ai donc dit stop, vade retro tabletas, quant aux 600 euros à débourser, désolé mais je ne les ai pas sur moi. Pas aujourd'hui. Mais je vais y réfléchir, merci.
Donc, luttant mollement, et toujours vainement à contre-courant pour écouter mes instincts anti-moutonniers, j'ai résisté quelques mois en me disant qu'il ne passerait pas par moi, et que j'avais déjà donné assez d'argent à Steve Jobs, même si j'aime bien son Iphone et le doux souvenir du Mac Classic II couleur qui dort encore dans le grenier d'une amie.
J'ai donc dit stop, vade retro tabletas, quant aux 600 euros à débourser, désolé mais je ne les ai pas sur moi. Pas aujourd'hui. Mais je vais y réfléchir, merci.
Je m'étais quand même préalablement informé à la FNAC en prenant un air désintéressé, et avais expérimenté une prise en main somme toute frustrante, la Chose étant pleine de trace de doigts des joueurs précédents en culottes courtes.
J'avais aussi par curiosité fait le tour des prix sur Kelkoo, toujours désintéressé, simplement pour voir si la politique de prix était bien alignée, et croyez moi elle l'était, tout était fait au cordeau, c'est tout juste si l'on pouvait grapiller 20 euros sur la livraison de cet accessoire devenu le chouchou des magazines.
Ce que je fis quelques jours plus tard. Je grapillai donc 20 euros mais en dépensant par ailleurs 30 fois plus pour acquérir la Chose.
La curiosité est un vilain défaut, surtout lorsqu'on est muni d'une carte bleue. Cela peut finir par un IPad dans un sac Darty.
La curiosité est un vilain défaut, surtout lorsqu'on est muni d'une carte bleue. Cela peut finir par un IPad dans un sac Darty.
Oui. Nul n'est parfait, chacun a ses faiblesses. Mais moi je n'y tenais plus, je voulais me plonger dans l'oeil cyclopéen de ce petit être électronique, avoir 613 grammes sur les genoux qui ne chauffent pas, vraiment pas, et faire tab tab tab dans un feutré parfait avec mes doigts sur un clavier vitré, qui hop, se rétracte d'un clic. Le tout dans un joli cadre blanc brillant immaculé, qui une fois retourné présente un sublime petit corps argenté marqué d'une pomme qui a été goûtée tel un fruit interdit.
J'ai poussé le suivisme jusqu'à opter pour la couverture SmartCover, riche en design, pauvre à produire, 80% de marge brute à l'oeil nu environ.
D'une sage couleur grise, ça fait extravagant qui succombe au gadget Apple certes, mais avec un zeste de sérieux quand même, genre qui travaille aussi un peu avec son joujou, c'est moins culpabilisant de s'y être laissé prendre.
Et voilà donc, après la dérobade, la soumission à l'implacable plan marketing mondial de Steve: je me suis donc offert la bête, et content, en plus, les lois de la publicité sont impénétrables.
Cet Ipad, c'est comme un passeport pour une terra incognita.
Comme le meilleur ami de l'urbain nomade qui aime bien siroter un pamplemousse pressé à la terrasse d'une brasserie cossue du quartier des éditeurs. Un accessoire très St Germain Des Prés, qui, comme l'habit ne fait pas le moine, ne fait donc pas l'écrivain, je ne suis pas dupe.
Comme le meilleur ami de l'urbain nomade qui aime bien siroter un pamplemousse pressé à la terrasse d'une brasserie cossue du quartier des éditeurs. Un accessoire très St Germain Des Prés, qui, comme l'habit ne fait pas le moine, ne fait donc pas l'écrivain, je ne suis pas dupe.
Pour un peu, je me sentirais doté d'un signe supplémentaire d'appartenance au club de moins en moins fermé des gens "qui sont très Apple", croqués de façon rigolote par Jérôme Commandeur dans ce sketche, bien vu...
http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=0dLwvl0e8tcEn découvrant les fonctionnalités de cette petite tablette, par ailleurs très classiques tant qu'on n'en vient pas aux applications, j'ai pensé que j'allais me sentir encore plus à la traîne de ce monde.
Soupir. Espoir. Et re-soupir. Si, je me le suis dit, à voix toute basse, tu vas être sacrément largué si tu ne fais pas un effort.
Car malgré ma volonté de m'intégrer, de parler la langue, de comprendre cette société numérique dans laquelle je vis alors que je suis à peine adapté à l'ère industrielle (oui, je préfère l'éclairage à la bougie, beaucoup plus romantique), je m'interroge.Cet Ipad est à l'image du monde de demain. Définitivement.
Un passeur. Un révélateur, comme en photographie.
Un passeur. Un révélateur, comme en photographie.
Il permet de repousser les limites de l'extrême transparence, pour ne pas dire l'extrême étalage, de la vie professionnelle et sociale.
De la vie intellectuelle même : toute nourriture par cette bouche de restitution étant répertoriée, notée, voire censurée avant d'être relâchée dans les canaux numériques en une multitude de faisceaux d'information thématiques, de la politique à l'architecture, en passant par la cuisine et les voyages.Comme Youtube est le seul capable de produire d'incroyables bouses audiovisuelles vues à des millions d'exemplaires (tout comme des merveilles bien sur), selon la loi du "plus c'est vu, et plus c'est vu", l'Ipad créera des fils d'opinions selon la loi du "plus c'est lu, et plus c'est lu". Un phénomène d'influence certes déjà existant, et légitime, via par exemple les listes de best sellers publiés dans la presse, qui donnent des idées au lecteur hésitant, mais qui sur la toile s'accélère vertigineusement. Un bouche à oreille fulgurant qui parfois saute la case "recul puis sélection".
Comment des idées brillantes pourront-elles émerger dans ce magma d'informations hiérarchisées selon la "fréquentation" plutôt que sur la qualité? Comment rester critique et indépendant dans un système qui se présente virtuellement comme profondément collectif et tribal, dans le sens de tribus virtuelles qui gomment rapidement les nuances d'opinion de l'individu?
J'ai pensé, en découvrant ce monde entier qui se construit sous nos yeux à travers un écran Multi-Touch panoramique brillant rétroéclairé par LED, qu'une nouvelle structure de l'opinion, du savoir, et même de la logique de notre pensée était en train de chasser des siècles de mécanique intellectuelle et matérielle différente pour argumenter, s'informer, s'exprimer.
Mais allez, je vous embête alors que je pourrais me réjouir d'essayer de nouvelles coiffures sur mon chat, il y a un logiciel fabuleux pour voir ce que ça donnerait si elle avait un chignon mauve. Et le pire, c'est que ça lui va bien.
Il faut me comprendre, c'est un drôle de virage à négocier pour ceux qui ont connu les cabines téléphoniques au lieu des téléphones portables, et le minitel quand internet dormait encore dans un carton en Californie.
Alors en attendant, j'ai mis Catchamouse et Angrybirds sur mon Georges Orwell (c'est son petit nom).
Cela me permet de ne pas trop y penser.
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