mardi 5 juillet 2011
Le lecteur de Taïwan
Ce blog est l'occasion de raconter quelques petites histoires, parfois de s'agacer gentiment de petites choses, en silence, enfin, dans le silence du blog et sans lecteurs attitrés, sans tentative de drague jusqu'au site par les techniques de notre ami à tous, Google.
Oui, j'ai pris l'option mute, préférant une diffusion pudique qui ignore pour l'instant une quelconque visibilité dans les moteurs de recherche. Au diable donc les libellés, que je ne renseigne jamais, j'aurais l'impression de rameuter du monde à une fête où il n'y a pas assez de choses à manger. Je n'écris pas assez régulièrement pour constituer un croustillant défilé d'akouskis quotidiens ou presque comme le font d'autres bloggers.
Au diable donc ces mots-clés de recherche, qui feraient émerger ces petits billets d'humeur comme des grumeaux sur le net, qui pour moi ont au moins le charme de rester discrets, dans leur petite poussière d'arrière plan.
Bref, à moi les confidences consignées dans un espace numérique, comme on pourrait noircir un petit carnet que l'on tient toujours contre soi. Pas de grande recherche médiatique, encore moins publicitaire, vive l'anonymat, le babillage dans le désert, la pensée libre de toute agence de notation.
Chaque post est donc une conversation imaginaire avec quelqu'un qui pourrait sourire, sourciller, ou refermer la page en se disant "tiens, comment j'ai atterri sur ce truc?". Un peu comme une bouteille à la mer qu'on n'imagine jamais ouverte par un pêcheur, au large.
Et voilà qu'en regardant les statistiques offertes par Blogger, l'hébergeur de ce blog, je m'aperçois qu'il y a des lecteurs. Oui, il y a des pas dans la neige, gloups, des internautes ont lu certaines pages, et sont même revenus. La plupart sûrement par erreur, mais pas tous.
Emouvant, et effrayant. Je me sens comme un sauvage échoué de longue date sur son île déserte qui découvrirait qu'il n'est pas seul, qu'il y a trace de vie sur cette portion de terre isolée, et que l'Autre SAIT qu'il existe. Mais lui ne l'a pas vu, l'Autre, jamais.
Ainsi, quelqu'un a lu ce blog depuis Taïwan.
Mon imaginaire ne fait qu'un tour. Quel âge a-t 'il? Que fait-il? Pourquoi est-il parti? Est-ce qu'il trouve la France ringarde et étriquée depuis qu'il lit l'info hexagonale avec des milliers de km de recul comme beaucoup d'expatriés?
Mieux encore : du côté de l'Allemagne, il y aurait des réguliers. Qui non contents d'avoir lu une page, reviendraient sur les lieux du blog pour voir s'il y a du nouveau. Cela fait tout bizarre. On aurait presque envie d'écrire moins de conneries, par respect. Ou par crainte.
Drôle d'impression. On se sent un peu jugé sur le contenu. C'est un peu hypocrite en même temps, parce qu'Internet, c'est public. On a le choix d'y poster ou pas.
En attendant, j'ai bien fait de garder un post sur les enfants moches en brouillon.
On ne sait jamais.
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