mardi 19 juillet 2011
Ne plus jamais travailler?
C'est un petit livre qui ne fait pas très sérieux, écrit par un américain, Ernie Zelinski.
Tous les signaux sont donc au rouge : livre à moins de 15€ pour toucher les masses, thème potentiellement pipeau, illustration racoleuse d'un type dans un hamac, je vais me faire avoir, c'est sûr.
Bref, on se demande s'il faut l'acheter. Si ce n'est pas un livre de plus pour travailleurs du XXIe siècle désespérés.
Eh bien non, personnellement ce livre reste sur ma table de nuit, entre Bergson, Lacan et L'Equipe (enfin surtout l'Equipe).
Je l'ai lu 4 ou 5 fois minimum. Hop, quand j'ai le regret de ne pas être grand manitou d'un grand service d'une grande entreprise avec un gros salaire et une grosse équipe, par exemple, je relis quelques passages.
Faisons le test :
Vous vous demandez tous les jours au bureau ce que vous faites là, à attendre que la journée passe, à perdre votre vie pour la gagner?
Vous soupirez dès que vous entendez au loin la nième histoire de radio-moquette qui vous paraît petite, mesquine, au ras des pâquerettes?
Vous vous demandez même si la vie vaut la peine d'être vécue, avec des idées noires à l'heure de prendre votre douche pour vous transformer en salaryman?
Stop. Respirez à fond.
Commandez ce bouquin sur Amazon ou ailleurs. Je ne dis pas qu'il va changer votre vie. Mais il va vous aider à relativiser.
Voire même à sourire intérieurement le jour où vous apprendrez que vous êtes viré.
Certes, au premier abord, le livre est un peu parasité par une dentelle de petites choses inutiles censées en rendre la lecture encore plus divertissante.
Par exemple, en feuilletant, on se cogne régulièrement contre des citations ridicules, cheveu sur la soupe du texte, du style "Je faisais un boulot vraiment ennuyeux, je nettoyais les fenêtres des enveloppes".
Une petite coquetterie, j'imagine, pour donner un peu plus d'épaisseur à un ouvrage qui finalement n'en a vraiment pas besoin.
Certaines, ceci étant dit, sont à méditer...
"Ma fortune ne consiste pas dans l'étendue de mes biens, mais dans la modestie de mes besoins" de J. Brotherton, bien connu J. Brotherton. Ou bien : "Il travaillait comme un fou à la campagne pour pouvoir vivre à la ville, où il travaillait comme un fou pour pouvoir vivre à la campagne", de Don marquis, bien connu aussi Don Marquis.
Entre les deux tranches du discours habituel de l'auteur sûr de ce qu'ils avance ("c'est facile, personnellement j'ai tout compris. Et toi lecteur, ce suicide, on en est où?"), il existe une tranche plus consistante et nutritive pour l'esprit.
La tranche de questions essentielles que nous ne nous posons même plus, tellement le montant de notre bonus, le ronflement de notre titre professionnel et l'impression qu'il feront sur nos amis nous obnubilent.
De vraies questions enterrées sous notre envie d'être comme les autres, de réussir comme les autres, et tout cela en mieux, par la voie principale que certains malheureusement ont identifié comme "la rat race". J'aime bien l'image. Tout est dit.
De vraies questions donc se posent donc grâce à ce livre, telles que :
- "Qu'est ce que j'ai toujours aimé faire?
- "Qu'est ce qui me rendait heureux quand j'étais plus petit et moins calculateur? "
- "Qu'est ce que j'ai toujours eu envie d'apprendre, de découvrir, de faire dans ma vie? "
- "Qu'est ce qui fait que je me sens dans un tunnel sans sortie aujourd'hui? "
- "Ai-je vraiment la vie que je voulais, avec ses fondamentaux? "
- Suis je vraiment un gros naze? (celle là, c'est la mienne)
Et surtout, surtout :
"Est-ce que je vivrais vraiment plus mal avec moins?"
Et là, nous voilà partis en train de faire notre arbre des loisirs, à savoir un recensement de toutes les familles d'activités qui nous font vibrer et exister. On en a pour deux ou trois vies, je ne sais pas si cela remonte le moral, d'ailleurs.
Nous voilà aussi en train de réfléchir à l'idée de se débarrasser de la seconde voiture qui ne sort qu'une fois par semaine du garage. C'est vrai, combien d'heures à se gâcher la vie pour du superflu.
On se met à penser à donner ou à jeter le bric-à-brac qui nous encombre et nous laisse croire que nous devons prendre un logement plus grand.
On fait le rapprochement entre possession à esclavage, eh oui, toutes nos choses ne seraient-elles pas notre boulet? Ce sont les bouddhistes qui applaudiraient des deux mains...
Avec ce livre, heureusement, on évite l'inventaire gratuit et théorique des ingrédients qui font le bonheur garanti à 100%.
Il est plutôt question d'un atterrissage en douceur dans sa propre vie, en écoutant sa voix trop souvent bâillonnée qui plaide le bon sens, la mesure, et surtout le courage de faire des choix pour soi, et pas uniquement pour les autres.
Le plus difficile, à mon humble avis.
Quand nous partions le matin à l'école avec nos chocos BN dans le cartable bien rempli, c'était lourd. Car sur nos frêles épaules, déjà, c'étaient les attentes et espoirs de nos proches qui pesaient le plus fort.
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