lundi 2 janvier 2012

Tout pourri



Le nom est déjà très révélateur.

Déjà, on lui imagine une créatrice dépressive, british et cynique.
En robe façon rideaux de chez Laura Ashley, imprimés de grandes fleurs roses, immenses comme son temps libre.

Beaucoup d'ennui dans l'air, disons une pendule qui fait tic-tac, aussi.
Et un petit chien, tout boudiné, avec un nom ridicule comme Milord ou Rex.

La créatrice de cette chose qui défie les modes et le bon goût s'embête ferme.
Elle n'aime pas trop les gens mais voudrait bien se distraire. Puis se débarrasser de ses productions artisanales.

Alors elle décide d'inventer ce qui deviendra un cadeau qui ne fait ni plaisir à acheter, ni à offrir, un cadeau du même niveau de raffinement qu'un présent de fêtes des mères même pour ceux qui n'ont pas de progéniture.
A offrir sans modération à ceux qui ne nous inspirent pas, mais alors pas du tout. L'aubaine pour ceux qui chercheront un cadeau passe-partout à la dernière minute.

Elle mélangera tout ce qui lui passe sous la main : du sable, des coquillage, des croûtes de vieux savon, et des pétales et boutons de fleurs aux couleurs délavées, secs comme la peau de son cou.

Enfin, elle poussera le cynisme jusqu'à le vaporiser de parfum atroce, qui rappelle les embruns ou la vanille bourbon, version vaporisateur pour cabinets d'aisance.
Bien entendu, celui qui le recevra aura l'interdiction formelle de le placer dans ses toilettes, alors qu'il y a une évidente affinité avec les lieux. Un peu comme des fleurs dans le salon.


Bref. Ce petit mélange qui sent le vieux même quand il est neuf sera toujours offert dans un pot, d'où son nom, n'importe lequel pourvu qu'il soit triste et laid.

Et voilà le travail. Depuis, c'est un succès commercial. Incroyable.



J'en ai reçu un. De pot.
Bien pourri, avec deux petits savons en forme d'étoiles de mer qui hésitent entre sentir bon et sentir tout court.

Mais comme dirait Thérèse dans le film culte, c'est offert de bon coeur.
Et c'est bien ça le problème. Je vais devoir le garder.

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