samedi 2 avril 2011
H
Je reviens de l'hôpital, totalement au bout du rouleau. Plus une once d'énergie, l'épuisement total.
Urgences à 11h hier, sortie aujourd'hui. Et encore, c'était serré pour la liberté conditionnelle.
Un marathon. Du temps qui n'en finit pas de passer, qui s'étire, s'étire, on est bien dans la langueur moite et confinée de l'hôpital, néon et vapeurs d'alcool à 70 compris.
Et quel décor... 24h de saynettes comme on en voit dans Scrubs, mais en plus triste, en moins américain, et en moins propre surtout.
Rien ne m'a été épargné : les petit-vieux qui déambulent avec leur goutte à goutte sur un pied à roulettes (ça rappelle un peu le bruit de la chaise du bureau), les infirmières qui enchaînent les pauses-café pendant qu'un monsieur cherche hagard du secours, les aides-soignantes qui disent du mal à deux de la troisième qui n'est pas là en changeant des draps, les confusions plutôt comiques quand pour la troisième fois il y a une petite collecte d'urine alors que c'est déjà fait.
J'ai fixé pendant des heures, dans la petite bouteille accrochée à la perche, la bulle formée par la chute de chaque goutte de liquide, une goutte cristalline qui fait un long chemin dans son tuyau de plastique jusqu'à l'aiguille de la perfusion.
J'ai aussi remarqué dans mon audit un pansement énorme collé à un rideau (y avait il un trou?).
J'ai compté sur la table de nuit d'invraisemblables constellations de tâches (mieux vaut arrêter la curiosité là).
J'ai aussi maudit les hordes d'amis ou de parents qui passent et repassent devant la chambre des malades en braillant dans leur téléphone portable, car pour une fois ils en ont une vraiment bonne à raconter. C'est très intéressant, tous les détails y sont, on sait à quoi était le sandwich dégueulasse qu'ils ont pu se procurer à la cafétéria pour requinquer celui ou celle qui doit les haïr d'être présents, disons trop présents.
J'ai compris très vite qu'on pouvait devenir fou, simplement par trop de promiscuité, de conversations de fond qui s'éternisent, et d'échos épouvantables de glaviots ressassés grassement dans les gorges (à l'hôpital, on a le droit de tout, y compris de se laisser aller, on peut roter très fort même si on a juste mal au bras).
Bref, épuisante expérience. De quoi vraiment préférer mourir seul que dans la chaleur atone de mes congénères.
Heureusement donc, j'ai pu sortir aujourd'hui.
Ca va mieux, beaucoup mieux.
Ce que j'avais?
Moi, rien... J'étais juste accompagnant, pourquoi?
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire