mardi 4 octobre 2011

Les Orientalistes



Le mois d'Octobre ouvre la saison du marché de l'art, et notamment des ventes aux enchères.

Si vous n'avez jamais assisté à une vente, je n'aurais qu'une chose à vous dire : allez-y!

D'abord, c'est gratuit, alors qu'on y voit aussi passer des oeuvres majeures, invisibles ailleurs et pour cause : elles quittent le salon d'un collectionneur pour en retrouver un autre, sans êtres visibles par le public. Sauf durant ces quelques jours d'exposition avant la vente.
Adieu la case musée, qui n'a pas les moyens de tout acheter, surtout si l'oeuvre est rare...


Ensuite, on y trouve des choses auxquelles on ne pensait pas être sensible.
Des dessins anciens, des esquisses de Degas, des lettres manuscrites de Baudelaire.
Mais aussi de petites statues africaines naines Baoule, qui vont toujours par couple, et qui vous regardent du coin de l'oeil quelque soit leur angle, si si (surtout la femme au seins nus).

On tombe nez à nez avec un meuble 18e qui finalement n'irait pas si mal avec du contemporain, on se pâme devant une statuette de Rodin, on s'émeut devant un tout petit cadre de Manet, on trouve que le Soulages a son charme, et on se laisserait bien tenter au final par un broc ou un vieux chandelier, presque accessibles, en comparaison avec les prix pharamineux du reste.

Moi, j'avais une petite dent contre les orientalistes. C'étaient un peu les premiers touristes au Maroc, mais sans appareil photo.
Je n'aime pas tellement cette approche hautaine de l'occidental au chapeau blanc qui va tirer le portrait d'une femme sans lui demander son avis, dans la brutalité du conquérant qui a trouvé son objet, le tout face à des cultures où la sphère de la femme est jalousement protégée.

Mes griefs ont fondu sous la lumière de ces peintures. J'ai totalement basculé dans cet univers de soleil écrasant, dans ces fondus de couleurs intenses et chaudes, et dans cet esthétisme où la grâce domine.

Majorelle par exemple a peint des merveilles. J'en achèterais bien un pour chez moi.
Les médinas se transforment en mirage, formes évaporées dans la chaleur et le ciel. Les femmes deviennent des déesses drapées dans leur mystère, avec une sensualité à fleur de pinceau et une personnalité laissée intacte touche après touche sur la toile.

Les scènes ainsi rapportées, ou inventées, sont une ôde aux pays de soleil et de parfums capiteux. Une véritable déclaration d'amour à des terres étrangères mais embrassées, captées, absorbées, désirées par chaque artiste qui leur rend un hommage émouvant et magnifique.


Voilà pourquoi il faut aller voir les oeuvres exposées, souvent sans façon, dans les antichambres des salles de ventes.

Vous risquez la rencontre et le coup de foudre. Et le souvenir éternel de ces moments de contemplation, avant le déchirant moment de l'adjudication...à quelqu'un d'autre.

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