samedi 31 décembre 2011

Petit petit petit...



On est responsable de la tête qu'on tire, je sais...

N'empêche qu'il me coûtera particulièrement ce soir de garder le sourire car voyez-vous, il faut que vous compreniez : il y a des enfants chez moi.
Plusieurs, oui, c'est encore plus grave.

Ce ne sont pas les petits inconnus à qui on peut lancer un regard noir quand leurs parents ont le dos tourné, et qui comprennent instantanément que l'air est plus pur ailleurs.

Non, je les connais, ils me connaissent, et je connais leurs parents. Impossible donc de les fusiller visuellement à la première paume collante écrasée sur Mes vitres, ou aux premières chutes de miettes chocolatées sur Mon canapé. Ils iraient se plaindre du maître des lieux et je ne vais pas remettre en jeu une amitié à laquelle je tiens malgré leur menton gras et frondeur.

Ce soir, alors que les petits nains mangeront leurs crottes de nez entre deux cacahuètes piquées dans le bol commun, qu'ils mastiqueront leurs pâtes au fromage la bouche ouverte et roteront bruyamment leur limonade, j'essaierai de prendre un air amusé et complice, ce qui donne à peu près ça.


Déjà, en partant faire les courses qui s'imposent avant le grand festin, j'avais failli faire pleurer la plus grande en lui proposant de lui acheter un nouveau doigt plus gros pour son activité d'excavation décidément très habituelle. Alors je sens bien qu'en ce dernier jour de l'année, mon humour n'est pas au top. Mieux vaut faire sourcil et profil bas.

Enfin, heureusement, j'ai prévu de l'alcool pour mes invités, avec des quantités suffisantes pour une abondante consommation personnelle. J'ai besoin de réduire mon champs de vision, sinon je ne vois plus que des légumes écrasés sous mes chaises et mon chat traumatisé.

Histoire de garder un petit sourire mystérieux, comme la Joconde, malgré ma folle envie de faire une bonne chasse au lutin.

jeudi 29 décembre 2011

Avec un F, comme Fouquet's





Avant, je l'aimais bien.

J'adorais le retourner sans ménagement, lui tapoter le derrière, et hop, le laisser glisser hors de son petit costume, tout à son aise, dans son jus.

Je le regardais dégouliner de promesses en me disant que la prochaine fois, pour changer, je me laisserais bien aller à tout gober, les yeux au ciel de plaisir, sans trop réfléchir aux conséquences.

Je me souviens, il existait même des concours à qui parviendrait à en gober le plus, c'était son destin à ce petit.
Même si le gagnant terminait avec la nausée. C'est que trop c'est trop, même avec ce qui est fabriqué pour être doux à avaler.

J'ai beaucoup aimé cette indulgence à s'offrir après une journée d'école, en pensant à la tendresse de la vie tout en rabotant doucement ses formes arrondies à la petite cuillère. Jusqu'à obtenir une vilaine forme étriquée qui se laisse choir sans grâce dans un lit sirupeux. Une forme de chute qui sentait la fin.

Maintenant, je ne l'aime plus trop.

Je n'aime pas du tout les produits pour riches qui s'adressent aux pauvres, question d'honnêteté au niveau du marketing.

Et de surcroît, je n'aime pas les riches qui n'aiment pas les riches, j'en conviens.

Comme ce flan parfumé et lisse qui se prend pour un yaourt nature, bourgeois aux manières délicates dans un costume de pauvre. En plastique, alors qu'il lui faudrait du cristal.


Reste cependant une languette en argent qui dépasse, on ne se refait pas.

mercredi 28 décembre 2011

Et bonnes fêtes surtout

Jusqu'ici, tout va bien.
On en est à la moitié, on tient le bon bout.
En plus, il fait soleil. Les rennes sont au pré.

La première étape est passée, celle du sapin qui sent la résine et la neige artificielle en vapo, celle des plats en chapelet qui entraînent la balance dans un chiffrage électronique des dégâts vertigineux, celle des sentiments mêlés d'attendrissement et de tristesse. Noël, étape 1.

Noël et ses ritournelles qui ne font rien qu'à tintinnabuler dans les ruelles. Noêl et ses gros Père Noël qui sentiraient presque la vinasse. Noël est ses petits nez aux morves torves, qui attendent leur livraison en reniflant dans leur capuche.

L'injonction du regroupement familial s'éloigne pour rejoindre celle du regroupement social, avec force paillettes et champagne. Nouvel an, étape 2. On mange, on boit, on sympathise.

On tient le bon bout, vous dis-je.
Plus que quelques achats de produits cintrés dans leurs habits de fête, doré pour le foie gras, argenté pour les chocolats, rose laqué pour le Brut Rosé, et on y sera presque.

Comme tout le monde, on aura mangé comme quatre, et déprimé pour deux en cachette, entre trois cadeaux à acheter, et dix gorgées de bulles à siffler.
En se demandant pourquoi, par ces temps de fête, il est pourtant difficile d'avoir envie de la faire.

Heureusement, arrive le dernier soir de cette dernière semaine du millésime.
Là, on se dit que pour de bon, demain sera une autre année, toute neuve.

Ouf, il était temps d'attaquer un nouveau cahier.

mardi 27 décembre 2011

My Little Angel



Nul n'est parfait : je suis tombé sur un numéro de Maxi, spécial Noël avec des idées cadeaux pour les petits et les grands. C'est comme Voici ou Gala, des magazines qu'on ne lit que chez les autres, bien-sûr.

J'ai tout lu, avide de connaissances extravagantes.
Le courrier des lecteurs, toutes ces conneries.
L'horoscope, la numérologie, tout tout tout.

Et puis une page publicitaire a attiré mon attention: on y voyait un nouveau né en plein sommeil, la couche à l'air, les pieds plissés et les yeux clos gonflés. A vue d'oeil, deux petites semaines au compteur, pas plus. Un tout petit bébé au doux nom de MyLittleAngel.

Qu'il est mignon le petit!

Sauf que le petit est à vendre et que c'est une poupée pour adulte.
Payable en 10 fois sans frais, d'ailleurs.
Dans les 129 euros si mes souvenirs sont bons.


Oh, pas si cher que ça finalement, pour un bébé qui ne coûte pas beaucoup en petits pots et aura toujours des grenouillères à sa taille.
En plus il n'a qu'une seule couche, en vrai tissu attention, qui restera éternellement propre, c'est écologique. Coup de chance, les deux pubs ne se sont pas parlées.
Oui, car dans le même numéro de Maxi, il était aussi question (véridique) d'un chien en plastique dont la vocation était de produire une amusante quantité de crottes, ouf.


Plus vrai que nature donc, le bébé a également de vrais cheveux (les cheveux de quelqu'un d'autre, errk) implantés soigneusement à la main, tout comme ses ongles, fignolés avec amour.
Bien entendu, sa peau est douce, en vinyl Real Touch™, une assurance supplémentaire qu'il ne fera pas un vilain eczéma ou une éruption de boutons de rougeole.

Comble du mignon, il respire.
Ce mouvement réaliste absolument craquant brisera bien des coeurs chez les mamans adoptives (ou les papas, il y a de la misère aussi chez les hommes) avec sa toute petite respiration, car tout l'intérêt de ce faux être humain est là : il semble vivant et comme le dit la pub, on peut s'en assurer en posant la main sur sa petite poitrine.

On peut même lui faire un Tshirt avec son prénom et sa date de naissance. Psychologiquement, sans être expert, je sens qu'on tient du lourd.

Brr, ça fait froid dans le dos.


En parlant de froid...J'ai beau eu lire tout le descriptif, bon de commande compris : impossible de le savoir.

Ben oui, l'histoire ne dit pas si, quand on s'en lasse, on peut stocker son bébé au congélateur comme les vrais.