jeudi 16 juin 2011

Les indignés indignes


A l'heure où une certaine tendresse semble se répandre dans la presse au moindre tintement du terme "indignés", que ces derniers soient d'Espagne, de Grèce ou d'ailleurs, je m'interroge.

Non pas que je sois contre l'indignation, bien au contraire. L'indignation est un signe de bonne santé, signe que la grenouille trouve la force de sauter de la casserole quand l'eau se met à trop chauffer. Une sorte de bon réflexe si on tape un peu trop fort sous la rotule.

Mais parce que je ne comprends rien à ce mouvement, qui d'ailleurs est resté longtemps sans un nom digne de ce nom. Un premier indice qui aurait dû nous mettre la puce à l'oreille quand au caractère indéfinissable de ces efforts collectifs qui n'en sont pas vraiment.

J'ai donc eu l'honneur de traverser un groupe bien installé sur le bitume d'"indignés", entre deux pancartes aux slogans qui claquent mais éclatent comme une bulle de savon gentillette, dans une ambiance de vide grenier, mais sans les prix.
Une ambiance qui rappelle un peu les puces de St Ouen, sauf qu'au lieu de sacs à main d'occasion, on trouve quelques vagues idées à vendre ...qui peinent à trouver preneur.

Surprise.
Oui, on est toujours surpris quand on voit en vrai le phénomène que la presse raconte.
Les journaux parlent de la jeunesse, mais c'est un tout petit bout de jeunesse, une frange un peu rance, qui tient par deux piercings.
Les journaux parlent de mouvement contestataire, mais la platitude des slogans créés par ce groupe prouverait qu'il est profondément nihiliste.
Les journaux parlent de mouvement apolitique, mais pas besoin de sortir de Sciences Po pour détecter d'emblée un anarchisme fortement gauchisant.

Parmi les messages peints avec les doigts sur des cartons, d'une vacuité d'ailleurs déconcertante, on trouve des cuisines improvisées à même le sol, des cageots empilés, du bric à brac, mais pas une seule énergie créatrice, pas une seule petite graine de projet qui chercherait sa goutte de pluie, pas d'enthousiasme, et pire que tout, pas d'ENVIE.

Plutôt l'étalage sans fard de la ferme intention de se laisser couler collectivement, envers et contre tous. Surtout contre tous.

Devant ce capharnaüm, ce bazar géant, ce woodstock sans sourire (malgré un persistant fumet de substances illicites payées par l'argent de poche de Papa), j'ai pensé que ces adolecents qui ne refusent de grandir ne voudraient plus jamais ranger leur chambre, même si on le leur demandait.
Qu'ils étaient quelquepart coincés entre le caprice de l'enfant et les renoncements de l'adulte. Qu'ils se fermaient naïvement des portes qui étaient déjà terriblement difficiles à pousser pour entrer dans la vie. Leur vie.

La maturité viendra pour eux, je l'espère.
C'est sûr. Il le faudra bien.

Une fois l'indignation érigée en moteur. Pas en prétexte.

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