vendredi 30 septembre 2011
La petite fable du radin
On m'a raconté une histoire incroyable : l'histoire de l'avarice résumée en une petite fable contemporaine.
Il était donc un petit couple qui ne roulait pas sur l'or, qui a pris de l'âge comme tout le monde.
Lui ne payait pas de mine, avec sa voiture à bout de souffle, son canapé élimé pour regarder ses infos devant sa télé hors d'âge.
Elle ne payait pas de mine non plus, avec ses vêtements qui n'étaient plus démodés tellement ils étaient vintage, son ascétisme presque dérangeant, et ses objets de toujours parce qu'elle ne jetait rien.
Il paraît qu'ils disaient toujours qu'ils auraient bien aimé partir en vacances loin, très loin, mais c'était trop cher.
En réalité, tout était trop cher pour eux : un bon restaurant, un petit film au cinéma, ou même juste une jolie robe. Trop cher, toujours.
Ils sont morts un jour, comme ils ont vécu: dans la misère maîtrisée, ni trop, ni trop peu.
Pas de quoi rêver en triant leurs affaires, ah ça, non.
Sauf que...
Intriguée par le décalage entre leurs revenus de toute une vie et l'état désolant de leurs modestes possessions, leur héritière, qui d'ailleurs n'avait pas hérité de grand chose, a eu des doutes.
Un matin, elle est partie caresser l'herbe de leur jardin pelé avec un détecteur de métaux, comme ça, juste pour en avoir le coeur net.
Cela a sonné très fort. Il n'a pas fallu creuser longtemps. Elle dit que quand elle a ouvert dernier le sac plastique et trouvé les lingots, petits et serrés, dorés et rayonnants, elle a senti leur lumière réchauffer son visage, exactement comme en plein soleil.
Elle dit qu'elle n'a pas pensé tout de suite à leur valeur, happée par la beauté de cette apparition, comme un génie sort d'une lampe.
Elle n'a pensé qu'à une chose : c'est vrai ce qu'ont voit dans les films de pirates, l'or pur a une luminosité presque magique qui crée un véritable halo surréaliste.
L'histoire ne dit pas si elle les a replantés dans son jardin à elle, ses lingots d'or, en taisant leur lieu de sommeil comme les autres disparus.
Mais c'est une vraie histoire.
L'histoire d'avares -des vrais-qui sont partis, et de lingots -des vrais aussi-qui sont restés.
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