mercredi 28 septembre 2011

Plein les bottes


Je me suis toujours dit que je retournerai un jour à la pêche.

Comme avant, quand j'étais tout petit, et que je passais plus de temps dans l'eau qu'au bord pour décrocher mes fils emmêlés.

Il faut dire que les pierres glissaient, qu'il y avait du courant (mes 15 kg pouvaient être emportés, c'est vous dire) et que surtout je portais des bottes en caoutchouc traîtres de la semelle, quand elles n'étaient pas trouées, en plus.

Rituel bien ordinaire, finalement : lancer de ligne, accrochage dans les branches, appels à l'aide, décrochage, relancer de ligne, nouvel accrochage ... et puis le mouvement fatal, la tentative bête de s'en sortir tout seul pour décrocher l'hameçon pris dans les roseaux tous proches.

Un pied, deux pieds, et la situation bascule, c'est plus profond que prévu, ma botte rouge est remplie d'eau comme une choppe allemande. C'est la panique et c'est glacial, en plus, cette eau de rivière à mi-saison.


Ouf, sauvetage réussi.



Après...c'est la honte et puis, il fait froid aux pieds. Je me fais engueuler. Je me justifie, on ne voyait pas que c'était profond.


Mais c'est bien, la pêche. On fait la pause pique-nique avec la goutte au nez, ça sent un peu le poisson et la terre moussue, l'eau en en perpétuel mouvement fait des gazouillis et tout cela nous donne bon appétit. On parle des araignées d'eau, des poissons qu'on a pris, des couleurs qu'ils ont selon les saisons.


Allez, au moment d'y revenir, à ma pêche, j'en suis dispensé, la chaussette n'est pas sèche, et il ne faudrait pas attraper un rhume.

Alors je reste spectateur, je regarde sans regarder dans une attente paisible, bien calé contre la portière de la voiture ouverte. Heureux de retrouver le moelleux d'un siège, les jambes ballantes sous le plaid bien chaud.

Un jour j'y retournerai, mais je ne sais pas si j'ai raison.

C'est peut -être pour cela que j'en parle encore, sans passer à l'action.

On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, disait un philosophe grec. On n'y enfonce jamais deux fois sa botte rouge non plus.

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