lundi 9 mai 2011

J't'offre un kébab ?



Depuis quelques années déjà, les kekabs font fureur. Les arômes d'épices et de viande grillée s'engouffrent dans les naseaux du passant (toujours le nez en l'air sauf à Paris où il vaut mieux faire profil bas en regardant où l'on marche), qui - s'il n'écoutait que son estomac - se laisserait bien tenter par un durüm bien gras.

Hier j'étais avec des amis, et sur le coup des 21 heures, il faisait faim et soif. Après avoir erré un bon moment dans le quartier sans trouver un restaurant ouvert, nos pas et nos narines nous conduisirent vers ce paradis de la malbouffe où les pics à viandes tournicotent comme autant de derviches tourneurs, cette oasis de friture où quelques tables sont placées ça et là pour accueillir l'affamé anonyme qui s'assira sur un coin de chaise en dévorant sa pitance avant de repartir vers des occupations plus respectables.

Nous nous asseyâmes donc, et le maître des lieux dans sa bonhomie naturelle et dans un sourire blanc éclatant digne d'une publicité pour Colgate, nous offrit une bière bien fraîche et prit nos commandes. C'était soirée foot et l'endroit était comble. Soirée beauf, donc, mais beauf sympa : bon esprit, populaire et pas syndicaliste. Au bar se succédaient une ribambelle de couleurs et de destins. Tous les yeux rivés sur l'écran pour ne pas perdre une miette du premier but. Les mets nous fûrent servis dans leur traditionnel papier d'aluminium, brûlants, moelleux, de quoi faire saliver le plus fin des gourmets un soir de frigo vide.

Une pensée traversa mon esprit : et si c'était ça, le vrai mélange des peuples, un kébab servi avec une bière à des dames, une équipe de foot avec des supporters de toutes les couleurs accoudés au bar, des estomacs bien pleins de gras et d'épices d'ailleurs, lavés de sauce au yahourt et de harrissa, rincés d'une bonne rasade de bière allemande, une populasse réunie dans une gargotte au brouhaha rempli d'accents différents où tout le monde se fout bien de la politique et des questions d'identité...

Mais des borborygmes me tirèrent soudain de mes pensées, il fallait vraiment que je rentre.


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